<%@LANGUAGE="JAVASCRIPT" CODEPAGE="1252"%> Gilbert Mazliah, artiste, peintre, enseignant, Genève, Suisse
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Peintures
sur relief

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L'Ouroboros à table
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L'Ouroboros à table
ou les métamorphoses du serpent Bina

Gilbert Mazliah rodait dans les falaises de Bandiagara, il y a une dizaine d'années, à la recherche du merveilleux africain, c'est à dire de lui-même.

C'est là que je l'ai rencontré une première fois, devant le campement de Sangha. Il me demanda conseil pour son itinéraire, je lui dis d'aller au village d'Amani. Il y resta quelques semaines, le temps de connaître les villageois et surtout de se faire connaître par eux.

Un jour, par hasard, comme toujours, il découvrit le «Renard pâle", le petit maître du désordre des grands mythes dogon, et aussi le devin des évènements du lendemain. Gilbert, depuis longtemps dans ses rêves éveillés, suivait ce renard mage et malin. Il l'avait peint noir roux puis blanc d'un pinceau aussi inspiré que les traces du Renard sur les tables de divination.
 

Alors tout fut possible et, aujourd'hui, comment m'étonner de cette peinture métaphysique: Ce fleuve à gauche c'est le Niger venu du Fonta Ogollo; cet animal aux yeux verts c'est le serpent Bida, le maître de l'eau et de l'or de l'empire ancien des Wagadou du Ghana; cette table recouvre le gouffre-labyrinthe de Koumbi-Saleh où s'est réfugié le fils de Dinga, le monstre aux poils noirs qui lui serviront à désigner le Kaya-Magha, le chef du Ghana. En face de lui c'est peut-être son jumeau Diabé, encore androgyne, contemplant la spirale de leur cordon ombilical dans le placenta. Ainsi Gilbert, au fil de son pinceau enchanté, retrouve les grands mythes oubliés de l'Afrique noire.


Jean Rouch, Genève, novembre 1992
Cette peinture conclut en 1991 tout un cycle autour du thème de «la Table» (1989-1991). C'est une toile importante pour moi car, dans un certain sens, elle résume toute une partie de mon travail jusqu'à ce moment-là. On peut y trouver la montagne de mes «alpinismes imaginaires» (1975-1982), «les prés» (1982-1983), «la jonction»(1985-1986), «la bougie» (1987), «l'ouroboros» (1988) et même un poisson de mes «pêche nocturne»(1989).

Face à face, attablés, un homme et un animal. Le premier tient une bougie dans une main et de l'autre désigne une assiette au centre de la table carrée. Le second, en rapport direct avec la nature, entoure par ses cornes les symboles complémentaires que sont la jonction des fleuves et le tronc d'un arbre. En regardant bien, on s'aperçoit qu'ils ne forment qu'une seule entité, un individu à la fois humain et animal, en même temps séparés et ré-unis par la table... Tout un mystère essentiel est mis en place. A chacun de voir comment il peut l'aborder.


«Une assiette sur une table, c'est la terre s'élevant à la rencontre du ciel qui lui-même descend, avec la possibilité proposée de goûter au fruit de leur noce et de se nourrir à la fois matériellement et spirituellement. Même si on ne le sait pas, une assiette est toujours spiralée...» («À table, autour de l'assiette», galerie Marianne Brand, 1992)

Cette toile a été montrée pour la première fois en 1991 à Neuchâtel ( Galerie Maison des Jeunes ), puis à Sierre ( Château de Villa ), au Luxembourg (galerie La Cité -reproduite dans le catalogue) et à Annemasse (Villa du Parc -reproduite dans le catalogue). En 1992, elle a été présentée à la biennale de Dakar avec un texte du cinéaste Jean Rouch qui en donne une interprétation africaine (reproduite dans le Bund du 30.01.93). En 1993, exposée pour l'inauguration de l'Hôtel du Rhône, elle a servi d'emblème pour les étiquettes du vin offert à cette occasion. En 1995, elle est acquise et entre dans le patrimoine meyrinois. Il existe sur le même thème, sur papier, une peinture (63x91 cm), un pastel (70x100 cm) et une sérigraphie (90 exemplaires, 50x65 cm).
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